La 26e édition de la Coupe d’Afrique des Nations qui s’ouvre à partir du 20 janvier au Ghana, réserve un casting de choix. Un plateau qui fait penser que cet exercice est certainement le plus relevé que le continent africain n’ait jamais abrité.
Les puristes trouveront cette conclusion hâtive, car le cru de la CAN 1988 en Égypte par exemple, fut de haute excellence. Les principaux animateurs furent Roger Milla (Cameroun), Abdoulaye Traoré (Côte d’Ivoire), Taher Abouzaid (Égypte), Aziz Bouderbala (Maroc) pour ne citer qu’eux. Mais c’était une autre époque, où évoluer en Europe n’était pas un gage de qualité par rapport aux joueurs locaux, mais juste un choix de carrière différent.
Qu’à cela ne tienne, les stars de Ghana 2008, que ce soit Samuel Eto’o (Cameroun), Didier Drogba (Côte d’Ivoire), Michael Essien (Ghana), Frédéric Kanouté (Mali), font partie des meilleurs joueurs au monde, le prix du transfert des uns et l’estimation de la valeur des autres leur servant de caution.
La responsabilité appartiendra donc à tous ces hommes de concrétiser les rêves de victoire que nourrissent tous leurs peuples, sachant que, plus qu’une réussite sportive, le triomphe dans cette compétition sera également un gage de paix sociale pour leurs pays.
Des éternels favoris (Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal) auxquels il faut ajouter le pays hôte (le Ghana), aux sélections qui montent (Maroc, Guinée), sans oublier l’éventuelle surprise (le Mali ?), et enfin le tenant du titre (l’Égypte), de nombreuses équipes peuvent sérieusement rêver à la finale du 10 février.
Les favoris
Ghana : Dominateur dans les catégories de jeunes sur le plan international, les Blacks Stars ont du mal à confirmer, passé le cap de l’adolescence. Avec 4 couronnements, le Ghana est le seul pays avec le Cameroun à suivre le rythme de la locomotive égyptienne déjà vainqueur de la compétition à cinq reprises. Sauf que, le dernier sacre des “Brésiliens d’Afrique” remonte à 1982. Une disette de 26 ans, à laquelle sont chargés de mettre fin Essien, Muntari, Asamoah Gyan.
La tâche sera d’autant plus difficile, puisque le capitaine et leader naturel de l’équipe Stephen Appiah a déclaré forfait pour cause de blessure.
Forts d’un beau parcours pour une première participation à la Coupe du Monde en Allemagne (8e de finale), emmenés par Michael Essien, portés par un public prêt à vibrer, les Blacks Stars qui jouent à domicile aborderont la compétition avec une terrible faim de titres, qu’il faudra justifier sur le terrain.
Côte d’Ivoire : Abidjan est situé à 300 km de Sekondi-Takoradi où vont évoluer les Éléphants, une configuration qui pourrait leur faire penser qu’ils jouent pratiquement à domicile.
La Côte d’Ivoire a tous les atouts en mains pour faire de cette CAN la sienne. Des stars à profusion (Dider Drogba, Kolo et Yaya Touré, Didier Zokora, Aruna Dindane, Boubacar Sanogo, Salomon Kalou...), une expérience des grands évènements, une maîtrise technique collective améliorée. Mais pour que ce tournoi ne se termine pas avec des regrets comme les précédents CAN et Mondial 2006, où les Ivoiriens se sentaient tellement forts, mais à la fin n’ont pas atteints les objectifs définis, il est impératif que le capitaine Drogba et ses coéquipiers aient tiré les enseignements des échecs passés.
Cameroun : Tous ceux qui connaissent l’histoire de l’équipe nationale du Cameroun, sont unanimes pour dire que le cru 2008 est le moins bon que les Lions Indomptables aient récolté.
On est bien loin de la splendeur de l’épopée glorieuse Roger Milla qui a régné en Afrique dans les années 80, où même celle plus récente de Rigobert Song et Patrick Mboma vainqueurs en 2000 et 2002. Il reste tout de même quelques rescapés de cette belle époque, Song, Kameni, Eto’o, Gérémi qui auront à cœur de montrer le chemin de la victoire à leurs coéquipiers.
Pour gagner une compétition comme la CAN, plus que la supériorité technique et les joueurs de classe, c’est avant tout le mental qui compte. Dans ce registre, le Cameroun est sans aucun doute l’équipe la plus performante, son histoire plaide en sa faveur. C’est la raison pour laquelle sans avoir les mêmes armes à faire valoir que les autres favoris, les Lions restent des adversaires redoutables et redoutés.
Sénégal : À l’image des Lions Indomptables du Cameroun, les Lions de la Teranga ont perdu la splendeur qui a fait d’eux des quarts de finalistes lors du Mondial 2002. Mais le Sénégal emmené par Tony Sylva, El Hadji Diouf, Mamadou Niang et Bayal Sall compte conjurer les échecs passés, retrouver son lustre d’antan en gagnant enfin la CAN.
Demi-finalistes de l’édition précédente, dans la continuité d’une année 2006 rédemptrice, les Sénégalais ont terminé en tête du bilan africain en 2007. Une réussite qui donne des ailes à Tony Sylva le gardien lillois « Ce qu’il faudra, c’est une mentalité plus forte que celle de tous nos adversaires (en poules Tunisie, Afrique du Sud, Angola). Tout peut arriver là-bas ».
Le tenant du titre
Égypte : Vainqueur de l’édition 2006 dont elle avait l’organisation, l’Égypte grâce à cette victoire, et auréolée de cinq couronnes, fait partie des favoris de la compétition.
Mais loin de leurs terres, privés de Mido forfait sur blessure, à la recherche de leur forme de 2006 comme l’atteste la qualification acquise lors de la dernière journée des qualifications pour la CAN dans un groupe pourtant facile (Mauritanie, Burundi, Botswana), les Pharaons devront se surpasser, pour influencer les évènements.
Les sélections qui montent
Maroc : Avec un seul titre remporté en 1976, les Lions de l’Atlas courent toujours après un deuxième trophée continental. Ghana 2008 sera-t-il l’heureux évènement ? En tout cas, le match amical livré et réussi contre la France (2-2) au mois de novembre dernier, leur servira de référence.
Mais, il faudra certainement beaucoup plus que la technicité de leur jeu à Marouane Chamakh, Youssouf Hadji et leurs coéquipiers pour espérer récolter les lauriers.
La Guinée : C’est l’équipe qui monte en Afrique. Mais pour dépasser le stade des quarts de finale qui ont souvent eu raison de leurs ambitions, Pascal Feindouno et Fodé Mansaré devront servir de guides à leurs camarades. Se surpasser sera le leitmotiv, pour ne plus se contenter d’une bonne figuration dans cette compétition, où il n’y a jamais de surprise.
Si le Syli national parvient à se sortir de sa poule difficile Ghana, Maroc, Namibie, tous les rêves seront permis.
La surprise
Le Mali : Demi-Finaliste en 2002 et 2004, le Mali qui va aligner toutes ses vedettes à l’envergure internationale (Mahamadou Diarra, Frédéric Kanouté, Seydou Keita, Momo Sissoko) est sans doute plus compétitif que les années précédentes.
Pour les Aigles, la première équation à résoudre est sans inconnue, mais d’une complexité hermétique : sortir du groupe B composé du Nigeria, du Bénin, et de la Côte d’Ivoire. Vaste chantier !
Les 4 groupes :
Groupe A : Ghana, Guinée, Maroc, Namibie
Groupe B : Nigeria, Côte d’ivoire, Mali, Bénin
Groupe C : Egypte, Cameroun, Soudan, Zambie
Groupe D : Tunisie, Sénégal, Afrique du Sud, Angola